Les piratins ont de beaux jours devant eux
La chose qui fâche
En guise d’avant-propos, je tiens tout de même à préciser, avant que vous avanciez dans la lecture de ce qui va suivre, que je ne cautionne en rien du tout le piratage, et que je pense que la prolifération de ce problème a pour responsables autant les utilisateurs que les industriels.
Voilà, je dis ça juste pour éviter qu’on ne perde encore notre temps et notre énergie à lire une quantité non négligeable de bêtises et de lieux communs dans les commentaires qui ne manqueront pas de traîner à la suite de cette actu.
C’est en fin de semaine dernière que nous avons reçu le message anodin d’une personne travaillant pour « les hommes en bleus », à savoir les gendarmes de notre beau pays qui n’en est pas moins un beau plateau de fromages. Cette personne, qui tient à conserver l’anonymat, nous en a appris de bien bonnes à propos de l’état de la lutte contre le piratage, à travers les logiciels P2P.
Partant du principe que pour lancer une procédure de recherche sur un « suspect », il faut débourser au minimum 750€, et dans la mesure où les caisses de l’état ne sont pas tout à fait bien remplies (mais pas tout à fait bien vides non plus, il ne faut pas délirer avec des vampires) les probabilités de voir une enquête spontanément naître dans les couloirs de la justice autour d’un piratin potentiel sont pour le moins plutôt faibles, option TRÈS faibles.
Par ailleurs, le peu de personnel disponible pour faire des « cyberenquêtes » est plus sollicité pour s’attaquer aux problèmes plus préoccupants de la pédophilie sur Internet, ainsi qu’aux soucis plus agaçants des trafics de stupéfiants et autres opérations financières consistant à blanchir des sommes d’argent considérables, obtenues sur la vente de produits plus illégaux que les produits culturels piratés, à savoir les stupéfiants et les armes. Bref… Pas le temps de s’occuper spontanément de trois boutonneux en mal de Britney Spears.
En ce qui concerne les enquêtes dites « matériels », notre cher ami en bleu nous a même confirmé que la gendarmerie, comme la Police, n’avait aucun droit de fouiller un véhicule sans commission rogatoire délivrée par un juge. On peut donc continuer à se passer des disques MP3 dans sa bagnoles, et quand bien même les services des douanes volantes, seules habilitées à fouiller spontanément dans un voiture, trouve ces mêmes CD, il suffira de leur confirmer que l’on possède bien les originaux des disques encodés en MP3… D’ailleurs, les douanes volantes ont d’autres chats à fouetter, bien plus dramatiques, sous forme de poudre blanche et d’armes autrichiennes se retrouvant « par miracle » quelque part en Corse.
Là où cela devient vraiment poilant, c’est lorsque l’on apprend que les « consignes de surveillance » des autorités policières de notre pays ne s’intéresseraient (du bout des lèvres) qu’aux articles liés aux droit d’auteur, comme les images et les MP3. Et encore ! Pour s’y intéresser, il faut que le cas de piratage et de revente soit avéré, et que les autorités aient assez de preuves à charge pour s’y intéresser un tant soit peu : Si à cela on ajoute le fait que pour ouvrir une procédure, il faut que le suspect ait été sciemment balancé par d’honnêtes citoyens, et qu’on ait porté plainte contre lui, afin d’obtenir une commission rogatoire, engageant les poursuites et les fouilles.
Bon, arrivé là, on se demande « en quoi cela concerne le jeu vidéo ?» C’est là que ça devient franchement poilant… Si l’on en croit les déclarations de notre préposé à la sécurité des biens et des personnes, il faut savoir que le jeu vidéo ne rentre pas dans la catégorie des produits culturels, légalement parlant. En somme, le droit d’auteur ne s’applique pas dans cette catégorie de problèmes ; c’est le droit industriel qui s’y colle, au même titre que n’importe quel matériel informatique ou logiciel. Et là-dessus, notre ami en bleu nous a cité la « consigne » reçue de la part de ses instances supérieures : « c’est le plus grand flou qui règne autour du piratage des jeux vidéo »… Bref, le jeu vidéo n’existe pas.
Dès qu’on a du neuf (fouille de nos ordinateurs, de nos voitures, mise des téléphones sur écoute) on vous le fait savoir.
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